Mise à jour le 8 septembre, 2022 par Metaverse
La marque allemande Gigaset tente de relever ce défi en produisant 300.000.00 terminaux par an dans une usine où quelques ouvriers utilisent des bras robotisés. Visite guidée d’un site particulier sur le Vieux Continent.”Bocholt salue Cupertino ! Les visiteurs sont accueillis par un panneau malicieux faisant référence au gigantesque siège social d’Apple à l’entrée de l’usine Gigaset de cette petite ville allemande de 70 000 habitants, près de la frontière néerlandaise.
La société allemande de téléphonie fixe, Deutsche Telekom, y a établi ou rapatrié sa production de smartphones. Elle a été lancée en 2018. Son objectif était de produire des terminaux en Europe au plus près de ses clients, tout en les conservant en Asie. C’est un défi à la fois économique et technologique, puisque le savoir-faire industriel se déplace à l’Est depuis de nombreuses années.
Fabriquer des smartphones en Europe et concurrencer l’Asie
Andreas Tourneur (vice-président de la distribution de Gigaset) affirme que Gigaset peut concurrencer les fabricants chinois à bas prix car ils sont plus fiables et plus réactifs. Il faut 70 jours pour expédier un conteneur complet de téléphones depuis l’Asie. Le groupe de 900 salariés a converti une partie de son site de 95 000 mètres carrés en une ligne de production de smartphones. 600 000 euros ont été investis dans ce projet. Nous avons été autorisés à photographier l’atelier de l’entreprise, qui semble bien plus moderne que les grandes chaînes de production de Shenzhen, en Chine. Toutes les photos sont interdites. Ces smartphones de milieu de gamme sont fabriqués en plus petite quantité que ceux fabriqués en Chine.
Fabriquer un smartphone en Europe, c’est possible ! Gigaset le prouve avec un modèle Made in … Pour se frayer une place sur le marché des smartphones, le constructeur allemand de téléphones sans fil Gigaset a choisi de jouer la carte du Made in Germany… https://t.co/aRPLOy9rn8
— ID France (@IDfrenchTech) June 28, 2018
Des mains expertes et des robots
Le bâtiment le plus grand est le premier. Ici, d’énormes machines transfèrent des composants sur des circuits imprimés à une vitesse pouvant atteindre 150 000 par heure. Le directeur de l’ancienne filiale de Siemens Mobile affirme que 70 % des matériaux qu’elle utilise sont encore importés d’Asie. Cela inclut les précieuses puces électroniques.
Les composants sont soudés aux cartes de circuits imprimés par des machines.
La “werkstatt” est une presse hydraulique qui injecte le plastique des téléphones fixes et des stations de recharge. Parfois, elle injecte aussi le châssis des smartphones. Cela ne représente que 5 % du chiffre d’affaires. L’ensemble du processus est entièrement automatisé, avec quelques ouvriers qui surveillent de près la maintenance. Pour atteindre le cœur de la fabrication des téléphones portables, nous traversons une grande cour et passons devant le gymnase du site. Une demi-douzaine d’ouvriers s’affairent à assembler à la main le GS5 Lite, le dernier produit du “made in Germany”, vendu 300 euros.
“C’est une autre différence avec l’Asie, où il faut 40 personnes pour fabriquer un smartphone. Nous pouvons les produire avec une poignée d’ouvriers hautement qualifiés, en fonction de la commande et avec les robots d’assistance”, explique Jorg Wissing. Il est également responsable de l’automatisation. Une douzaine de bras robotisés en provenance du Danemark sont contrôlés par un logiciel maison. Ils travaillent à un rythme régulier pour ajouter des haut-parleurs ici, fixer des écrans là et calibrer des antennes.
Les robots sont capables d’effectuer des tâches lourdes comme l’assemblage des différents composants du smartphone.
Ils soutiennent les employés qui peuvent produire jusqu’à 550 appareils par jour ou 300 000. Le processus de production peut parfois être un peu chaotique, comme lorsque la Deutsche Bahn a passé une commande de 10 000 smartphones en seulement trois semaines. Les outils portent leur nom, il n’est donc pas nécessaire de répéter les tâches ou d’être méticuleux. “Personne en Chine n’est responsable des produits défectueux. Andreas Tourneur souligne que les employés ont une relation forte avec le modèle et connaissent les 14 étapes de sa fabrication. Selon lui, il serait économiquement incontrôlable de tout automatiser en utilisant uniquement des robots, car le cycle de production d’un smartphone ne dure que six mois.
Chaque employé prend part à toutes les étapes du processus de production.
La dernière étape consiste à installer Android 12 et à s’assurer que le téléphone démarre correctement. Le numéro de série sera attaché à l’appareil, qui pourra ensuite être emballé dans un atelier voisin. Certaines unités seront emmenées dans des laboratoires internes pour tester leur connectivité réseau et leur résistance aux chutes ou à la surchauffe.
Les smartphones sous Android subissent des tests rigoureux avant d’être emballés.
Le commerce des smartphones est rentable depuis des années après des millions d’euros investis. Une vente rapporte dix fois plus qu’un téléphone fixe. Andreas Tourneur affirme que l’entreprise n’a pas besoin de produire des millions d’unités pour maintenir des prix bas. Il estime qu’il est un fabricant de niche qui sert les grandes entreprises à la recherche d’une solution spécifique. Il prévoit d’augmenter la production en la doublant au cours des prochaines années. M. Tourneur affirme que si 30 % des Européens achètent un smartphone fabriqué en Chine, cela pourrait être suffisant pour nous permettre de fabriquer chez nous et d’établir une véritable souveraineté. Il n’échangerait pas la tranquille campagne allemande contre le soleil californien.
Fabriquer des smartphones en Europe et concurrencer l’Asie ? C’est encore possible, et voici comment
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