Mise à jour le 22 juillet, 2022 par Metaverse
La directive sur les marchés numériques prévoit des sanctions pouvant aller jusqu’à 20 % du chiffre d’affaires mondial en cas de non-conformité.
Les célèbres GAFAM (Google, Apple, Facebook et Amazon et Microsoft) auront un peu plus de mal à poursuivre leurs pratiques monopolistiques en Europe à partir de 2023. Après un long processus de négociation, les représentants des gouvernements européens ont finalement approuvé la Directive Marchés Numériques (DMA) qui vise à mettre fin aux abus de concurrence des géants technologiques jugés “structurels” dans leur secteur.
“Les grandes plateformes de contrôle d’accès ont privé les entreprises et les consommateurs des avantages des marchés numériques concurrentiels”, a déclaré Margrethe Vestager, vice-présidente de la Commission chargée de la concurrence. La Commission européenne a passé des années de batailles juridiques contre les abus monopolistiques de ces grandes entreprises, pour la plupart américaines. À certaines occasions, il a réussi à imposer des amendes de plusieurs millions de dollars, mais l’exécutif communautaire veut que les règles du jeu en Europe empêchent directement ces pratiques d’être menées.
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— Guillaume Renouard (@LeDucdeGuise) July 18, 2022
Les “gardiens” technologiques
Pour ce faire, la DMA prévoit plusieurs mesures qui n’affecteront que les entreprises qu’elle considère comme des “gardiennes” du système, c’est-à-dire celles qui ont déjà une position majoritaire, sont enracinées et servent de passerelle aux utilisateurs professionnels pour accéder aux points de terminaison. On parle par exemple d’Apple lorsqu’il donne accès à des applications ou services Google sur son iPhone ou d’Amazon lorsqu’il sert de tableau d’affichage à d’autres sociétés de vente en ligne.
Pour être plus précis, il existe trois critères qui définissent un “gardien” technologique. Premièrement, qu’elle réalise un chiffre d’affaires annuel de plus de 7 500 millions d’euros dans l’UE ou que sa valeur marchande s’élève à au moins 75 000 millions d’euros au cours du dernier exercice. Qu’il exploite un service de base avec une moyenne de 45 millions d’utilisateurs situés dans l’UE. Enfin, qu’elle ait ce que Bruxelles considère comme une “position enracinée et durable”, une exigence liée à la réalisation des deux précédentes. Tous les GAFAM répondent à ces exigences, mais d’autres plus petits comme TikTok ou Booking sont également potentiellement concernés.
Affaire “Uber Files” : “Vous ne manquez pas d’humilité. Les GAFAM, c’est 243 milliards de bénéfices. Uber a payé en France 2,3 millions d’impôts. Et vous nous dites que votre méthode marche ?”, tacle @PSavoldelli94 #QAG pic.twitter.com/DvlmIZkgwK
— Public Sénat (@publicsenat) July 13, 2022
Fin de position dominante
Ainsi, toutes ces entreprises à partir de 2023 (6 mois après sa publication au Journal officiel de l’UE) doivent appliquer plusieurs mesures pour permettre une plus grande concurrence. Par exemple, ils doivent s’assurer que se désabonner de leurs services est aussi simple que de s’inscrire. Permettez à vos utilisateurs professionnels d’accéder à vos données de performance sur la plateforme et informez la Commission européenne de vos acquisitions ou fusions.
Mais le plus important est le chapitre sur les interdictions. Désormais, ils ne pourront pas placer leurs propres produits au-dessus des produits de leurs concurrents. Ils ne pourront pas non plus préinstaller automatiquement certaines applications ou que, par exemple, vos navigateurs Web installent par défaut lors de l’installation d’un système d’exploitation.
Interopérabilité
L’un des changements qui deviendra plus visible pour les consommateurs, même s’il ne sera pas si immédiat, est ce qu’on appelle l’interopérabilité. Les plateformes de messagerie doivent garantir l’interopérabilité des services afin qu’un utilisateur de WhatsApp, par exemple, puisse communiquer avec un utilisateur de Telegram sans avoir installé l’application.
Si elles ne respectent pas toutes ces réglementations, les entreprises s’exposent à des amendes allant jusqu’à 10% de leur chiffre d’affaires mondial et en cas de récidive, le chiffre peut grimper jusqu’à 20%. De plus, si les manquements sont systématiques et se produisent au moins trois fois par an pendant huit ans, la Commission européenne peut ouvrir une enquête de marché et, en dernier recours, fragmenter l’entreprise.
Cette loi va de pair avec la loi sur les services numériques (DSA) , plus axée sur le contrôle des contenus et la responsabilité des plateformes sur ceux-ci. Dans les deux cas, cependant, l’Europe se veut pionnière dans le contrôle du monde en ligne, selon le principe selon lequel ce qui est illégal hors ligne doit aussi l’être en ligne, paraphrasant le commissaire aux Affaires intérieures, Thierry Breton.