L’inflation en zone euro poursuit sa remontée et s’établit à 8,6%, un nouveau record

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Mise à jour le 8 septembre, 2022 par Metaverse

L’inflation accélère en Europe avec 8,9% en juillet dans la zone euro, nouveau record

Les prix de l’énergie, principal catalyseur du coup, s’envolent à 41,9% sur un an.
Il viendra un moment où les adjectifs s’épuiseront pour définir l’irrésistible hausse des prix. L’inflation dans la zone euro a franchi un nouveau plafond en juin et s’établit désormais à 8,6% sur un an, cinq dixièmes au-dessus du chiffre de mai, qui était déjà un record sans précédent depuis la création de l’euro, selon la première estimation publié ce vendredi par Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne. Il y a seulement un an, en juin 2021, lorsque le déploiement des vaccins contre le coronavirus était une réalité tangible et pleine d’espoir, l’inflation était de 1,9 %.

Beaucoup de choses se sont passées depuis lors, et de nombreuses balles ont également été tirées. La reprise après la pandémie s’est étouffée avec la guerre dans l’arrière-cour du continent, après l’invasion russe de l’Ukraine en février, et maintenant la question est de savoir si le mot repris a un sens : la conjonction dangereuse du grand embouteillage mondial dans les chaînes d’approvisionnement et la très forte dépendance de l’UE vis-à-vis de l’énergie russe ont placé les 19 pays de l’euro en territoire inconnu.

Inflation : pourquoi de tels écarts en Europe ?

Les disparités de hausse des prix sur le continent s’expliquent notamment par le poids de l’énergie et de l’alimention dans le budget des ménages, très différents selon les États.


Les prix de l’énergie, principal catalyseur du coup, perturbent une fois de plus toute tentative de brider un cheval en fuite, et restent dans une zone dangereuse qui peut rendre irréalisable toute stratégie d’amélioration économique : ils s’établissent à 41,9 % sur un an (était du 39,1 % en mai).

C’était en partie le prix des représailles contre le régime de Vladimir Poutine : les sanctions contre le charbon et le pétrole russes, ainsi que les coupures de gaz décrétées par le Kremlin en réponse, affectent déjà le bloc communautaire totalement ou partiellement à 12 pays de l’UE. Pendant ce temps, la Commission européenne s’empresse de préparer des plans d’urgence coordonnés au niveau communautaire pour faire face à d’éventuelles nouvelles fermetures de la poignée énergétique. Et l’importation de gaz russe par gazoduc vers l’UE est à l’un de ses points les plus bas. En juin dernier, l’approvisionnement en gaz naturel liquéfié américain a dépassé le débit du gazoduc en provenance de Russie, selon les données de l’Agence internationale de l’énergie.

Les denrées alimentaires victimes de la guerre

Les prix des denrées alimentaires sont une autre victime collatérale de la guerre et de l’ère post-pandémique : la Russie et l’Ukraine sont deux des plus grands exportateurs de céréales au monde, cette dernière ayant près de 20 millions de tonnes de céréales stockées dans des ports et des silos incapables de quitter le pays en raison au siège du Kremlin. À l’approche des récoltes estivales, le panier alimentation, alcool, tabac s’établit à 8,9% sur un an, quand il était à 7,5% en mai.

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Jusqu’à neuf pays de la zone euro ont 10% ou plus d’inflation, avec l’Estonie balte (22%), la Lituanie (20,5%) et la Lettonie (19%) en tête. L’Espagne se situe à seulement 10% en glissement annuel (un chiffre similaire aux 10,2% avancés ce mercredi par l’INE , la plus forte hausse des prix depuis cette lointaine 1985).

L’Allemagne, locomotive industrielle européenne et l’un des pays de l’UE les plus accros au carburant russe, est cependant l’un des rares qui parvient à inverser légèrement la tendance et se situe à 8,2 % sur un an (contre 8,7 % en mai) en partie à cause des subventions aux transports et à l’énergie adoptées pour freiner le coût de la vie. Les Pays-Bas ont également amorti le coup et sont passés de 10,2% en glissement annuel à 9,9%.

“Il n’y a toujours pas de soulagement pour la Banque centrale européenne dans ces données”, a réagi l’économiste Claus Vistesen, de Pantheon Macroeconomics, en apprenant l’avancée d’Eurostat. La “hausse a été supérieure à nos prévisions et au consensus des analystes”, a valorisé Ricardo Murillo Gili, analyste chez Caixabank.

La nouvelle hausse et la perspective à moyen terme d’un univers soutenu de prix élevés redoublent de pression pour que l’instance en charge de la politique monétaire européenne poursuive, voire durcisse, ses plans de hausse des taux.

La BCE a déjà annoncé une hausse de 0,25 % en juillet et une autre en septembre, qui pourraient atteindre 0,5 %, le début d’une trajectoire de hausses qui pourrait atteindre 2 % en 2023. Certains analystes estiment que le contexte Le taux actuel conduit inévitablement à une hausse plus extrême pouvant atteindre 50 points de base en juillet et 75 autres en septembre.

Cette semaine, Christine Lagarde, la présidente de la BCE, a précisé qu’elle ira « jusqu’au bout » pour combattre l’inflation et la stabiliser à 2 % (l’objectif officiel de l’institution), comme elle l’a répété jusqu’à deux fois lors de son discours d’ouverture au forum annuel sur la banque centrale qui s’est tenue dans la ville portugaise de Sintra.

La politique de resserrement monétaire sera « poursuivie de manière déterminée et soutenue », a ajouté Lagarde à Sintra. “Nous supprimerons tous les obstacles qui pourraient menacer notre mandat de stabilisation des prix.”

Le virage vers le resserrement monétaire annoncé par la BCE le mois dernier fait suite au rigorisme initié par la Réserve fédérale américaine, qui a approuvé il y a quelques semaines la plus forte hausse des taux d’intérêt depuis 1994, avec une hausse de 0,75 point, pour placer à 1,75 %.

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Les ajustements de l’institution basée à Francfort devront voyager le long de l’abîme d’où l’on aperçoit les fantômes du passé, là-bas : les hausses de taux d’intérêt augmentent le risque d’envolée des primes de risque dans certains pays – notamment dans ceux du Sud – rappelant les attaques sur la dette souveraine de 2012. La BCE prépare actuellement un mécanisme anti-fragmentation pour tenter de faire face aux futures crises comme celle vécue lors des moments les plus durs de l’euro.

L’horizon de l’automne s’annonce sombre, surtout si l’on tient compte de la possibilité que Poutine continue à jouer avec la manette des gaz. Óscar Arce, directeur général de l’économie de la BCE, a averti ce vendredi que, bien que ce ne soit pas l’hypothèse principale, il ne faut pas sous-estimer la possibilité d’un scénario “presque apocalyptique” avec des coupures d’énergie de la part de la Russie, ce qui pourrait tripler les prix du gaz et provoquerait une récession, selon ce qu’il a dit lors d’un discours dans les cours d’été de l’Université internationale Menéndez Pelayo.

Les données de vendredi contiennent un chiffre qui incite à un léger optimisme : l’inflation dite de base, qui exclut les éléments plus volatils que sont l’énergie et les denrées alimentaires, est en très légère baisse, passant de 3,8 % en glissement annuel en mai à 3,7 % en juin. Les composantes de l’inflation sont complétées par les biens industriels non énergétiques, dont les prix ont augmenté de 4,3% en juin, contre 4,2% en mai, et les services, avec 3,4% en glissement annuel, contre 3,5% en mai.

Taux d’inflation – Liste des pays – Europe

Pays Dernier Précédent
Liechtenstein 2.5 2.4
Suisse 3.4 2.9
France 6.1 5.8
Malte 6.1 5.8
Norvège 6.3 5.7
Îles Féroé 7.3 4.4
Albanie 7.4 6.7
Luxembourg 7.4 6.8
Allemagne 7.5 7.6
Finlande 7.8 7
Italie 7.9 8
Danemark 8.2 7.4
Pays-Bas 8.6 8.8
Suède 8.7 7.3
Zone Euro 8.9 8.6
Irlande 9.1 7.8
Portugal 9.1 8.7
Autriche 9.2 8.7
Royaume-Uni 9.4 9.1
Chypre 9.6 9.1
Union Européenne 9.6 8.8
Belgique 9.62 9.65
Islande 9.9 8.8
Espagne 10.8 10.2
Slovénie 11 10.43
Hongrie 11.7 10.7
Serbie 11.9 10.4
Croatie 12.1 10.8
Grèce 12.1 11.3
Slovaquie 13.2 12.6
Monténégro 13.5 11.7
Kosovo 14.1 12.5
Macédoine 14.5 11.9
Roumanie 15.05 14.49
Pologne 15.5 15.5
Bosnie-Herzégovine 15.8 14.4
Russie 15.9 17.1
Bulgarie 16.9 15.6
République Tchèque 17.2 16
Biélorussie 17.6 17
Lettonie 19.3 16.9
Lituanie 21 18.9
Ukraine 21.5 18
Estonie 21.9 20
Moldavie 31.83 29.1
Turquie 78.62 73.5
Metaverse
Écolo-engagée, amoureuse de la communication 2.0. Je suis chargée de marketing digital. Ma passion depuis toujours : l’écriture ! Ce métier s’est donc manifesté comme une évidence. Depuis mon plus jeune âge, j’adore enquêter, trouver des informations que d’autres n’ont pas, et la lecture tient également une place importante dans mon cœur. Passionné depuis toute petite par l’écriture et de nature très curieuse, je m’intéresse à tous les sujets !