Essence ou électrique : la réduction de vitesse sur l’autoroute permet-elle de faire des économies ?

Temps de lecture : 10 minutes

Mise à jour le 8 septembre, 2022 par Metaverse

C’est le mantra de l’économie d’énergie. La Russie va couper les livraisons de gaz à l’Europe dans les prochains mois. Pourtant, l’Europe est loin d’avoir terminé sa transition écologique. En France, l’une des mesures consiste à ralentir les autoroutes.

Si l’énergie est de plus en plus populaire, elle est aussi de plus en plus chère. Nous devrons réduire notre consommation en attendant que de nouveaux fournisseurs remplacent la Russie, et nous retirer des énergies fossiles. Le plan d’économie d’énergie du 14 juillet d’Emmanuel Macron prévoit des mesures d’économie comme l’abaissement de la limitation de vitesse à 120 km/h au lieu de 130 km/h.

Des gains non négligeables

Il est facile de constater que rouler moins vite consomme moins d’énergie pour les voitures électriques ou thermiques. Selon les chiffres de Caradisiac, rouler à 120 km/h pour une berline compacte permet d’économiser 14% de carburant. Selon les calculs de 01Net, les véhicules électriques ont une réduction de 20% de la consommation de carburant, ce qui se traduit par une augmentation de 60 km de l’autonomie.

Ces économies sont importantes si l’on considère que faire le plein dans une station pour obtenir de l’essence revient presque à aller chez le dentiste. Il en va de même pour les stations de recharge sur les autoroutes, qui peuvent être assez coûteuses.

Reste à voir si une telle mesure pourrait être adoptée dans une Assemblée qui ne dispose que d’une majorité relative. Parler de limitation de vitesse est politiquement risqué. C’est la réduction des routes nationales à 80 km/h qui a déclenché le conflit des Gilets jaunes. Je ne suis pas sûr que l’exécutif ait envie d’allumer ces braises.

Voici les 10 raisons pour lesquelles vous devriez rouler à 110 km/h sur l’autoroute.

Dans un climat d’urgence de réduction de la consommation de pétrole, le 110 km/h est revenu dans les débats ces dernières semaines. Enfin, l’Agence internationale de l’énergie a présenté la réduction de la vitesse sur les autoroutes pour réduire la consommation de pétrole. [C’est la première des 10 recommandations, et la deuxième en termes de potentiel (430 000 barils par jour dont 290 pour les véhicules et 130 pour les camions). Elle suit une proposition qui inclut également le covoiturage (470 000 barils cumulés).

Il est d’autant plus surprenant que cette recommandation émane d’une institution très frileuse quant à l’utilisation de la sobriété dans la transition énergétique.

L’Agence internationale de l’énergie formule 10 recommandations pour réduire la consommation de pétrole.

La limitation de la vitesse à 110 km/h sur les autoroutes est si populaire de nos jours.

1. Le 110 km/h est l’une des très rares mesures immédiates.

Pendant de nombreuses décennies, le système de transport actuel a été construit par une interaction entre l’aménagement du territoire et les modes de vie. Cela a entraîné une dépendance au pétrole et aux voitures privées. C’est pourquoi il y a encore beaucoup d’inertie dans ce système et il est difficile d’apporter des changements rapides dans les transports. Selon la stratégie nationale bas carbone française (SNBC), les cinq leviers clés de la transition énergétique dans les transports sont : la modération de la demande de transport, le transfert modal, l’amélioration du remplissage des véhicules, l’efficacité énergétique et la décarbonisation de l’énergie. Ces leviers peuvent souvent être utilisés pour réduire la consommation de pétrole. Ce point est également abordé dans la contribution précédente.

Bonne nouvelle ! L’effet de l’abaissement de la vitesse sur les autoroutes peut être observé immédiatement après sa mise en œuvre au niveau national.

En effet, l’intérêt pour le projet est particulièrement fort dans une période d’urgence économique, géopolitique et sociale comme la période actuelle avec la hausse des prix du pétrole et la nécessité de couper le financement du pétrole russe. Il sera évident qu’il est également pertinent pour la transition énergétique sur le long terme.

2. Les automobilistes peuvent réaliser d’importantes économies d’efficacité et de coûts.

Une réduction de la vitesse de 130 à 110 km/h sur l’autoroute se traduira par une économie de carburant de 16 % par kilomètre.

Ces gains d’efficacité sont particulièrement importants si on les compare aux gains d’environ 1 % par an réalisés ces dernières années grâce au renouvellement progressif du parc automobile.

Cela peut vous intéresser :   'Exoprimal' : le jeu d'action inattendu, mecha et dinosaures dévoile ses modes multijoueurs

Bien que cette mesure ne soit pas toujours bien accueillie par les automobilistes, elle leur permet de réaliser des économies. Ces 16% d’économies pour les automobilistes et les portions qui roulent entre 130 et 110 km/h ne sont pas négligeables lorsqu’il s’agit de trajets de longue distance.

Ceci est à l’opposé d’autres mesures qui visent à réduire l’importance de la voiture ou son impact environnemental (péages de la taxe carbone, frais de stationnement, etc.). La mesure diminue le coût de la mobilité et ne crée pas de précarité énergétique.

3. Incitation à la réduction du kilométrage parcouru en voiture

Les effets directs de la mesure sur l’efficacité énergétique ne sont pas les seuls effets secondaires positifs. Il existe également des bénéfices indirects sur d’autres leviers de décarbonisation. Commençons par la modération de la demande de transport et le transfert de modalité.

L’accélération de la mobilité n’a jamais été utilisée pour réduire le temps de trajet, mais pour aller plus loin. Il est également vrai que si la mobilité ralentit, elle incite à limiter les déplacements.

Ce phénomène est déjà évident, puisque les radars ont été introduits en 2003. Il a probablement eu un effet significatif sur la diminution du trafic automobile. Cela est d’autant plus vrai dans le contexte des prix élevés des carburants et de l’effet de rebond potentiel.

Les changements de vitesse ont eu une forte influence sur les distances parcourues en France au fil du temps, ce qui a influencé les émissions

Cela réduit la vitesse de la voiture et encourage le transfert modal vers le bus ou le train (limité à 100 km/h). Il est soit très coûteux, soit difficile d’augmenter la vitesse de façon commerciale. Pour éviter ce transfert, il est important de réduire le trafic aérien.

4. Réduire la vitesse à 110 km/h pour les véhicules plus économes en carburant

La réduction de la vitesse peut avoir des effets directs sur la consommation d’énergie des véhicules, mais elle pourrait également avoir des avantages indirects à l’avenir en encourageant les voitures plus économes en carburant.

La vitesse alimente certains cercles vicieux qui augmentent le poids des véhicules. La vitesse, en particulier, exige plus de puissance du moteur, ce qui entraîne une augmentation du poids du moteur. Des vitesses plus élevées nécessitent également davantage d’équipements de sécurité et de protection. Cela peut augmenter le volume du véhicule et réduire son aérodynamisme. Cela limite également l’efficacité énergétique des véhicules. Il en résulte des moteurs plus puissants, ce qui alimente le cercle vicieux.

Représentation schématique montrant le cercle vicieux qui alimente l’augmentation de la vitesse, de la puissance et du poids des véhicules.

Une limitation de vitesse française à 110 km/h favoriserait la tendance inverse, en encourageant la production et la vente de voitures plus légères, plus puissantes et plus rapides que la moyenne nationale. Ce serait encore plus vrai si la limite de vitesse était portée au niveau européen, en intégrant des incitations ou des normes (par exemple, la vitesse maximale des véhicules). Pourquoi vendre des voitures qui peuvent aller à 176 km/h ? dans la réglementation européenne pour les nouveaux véhicules.

5. Cela s’applique également aux véhicules électriques.

Vous pourriez croire que les voitures électriques sont moins populaires parce qu’elles émettent moins de CO2 pendant leur utilisation. La consommation d’énergie de la voiture électrique est réduite de 24 % lorsqu’elle passe de 130 à 110 km/h, ce qui est plus que le parc actuel de moteurs à combustion interne (16 %). Les véhicules électriques peuvent également bénéficier de certains des cercles vertueux liés à la réduction de la vitesse mentionnés précédemment. La réduction de la consommation d’énergie peut avoir deux avantages.

  • Option 1 : Avec la même capacité de batterie, ils peuvent augmenter l’autonomie et parcourir plus de kilomètres sans avoir besoin de se recharger. Cependant, les distances peuvent être plus longues et nécessiter moins d’arrêts pour recharger la batterie. Cela souligne la nécessité d’équilibrer la vitesse de conduite et le temps de pause pour réduire le temps de trajet.
  • Option 2 : Le véhicule peut utiliser une batterie plus petite pour conserver la même autonomie. Il s’agit d’une excellente occasion d’encourager un développement positif des voitures électriques, car une grande partie des coûts financiers et environnementaux associés aux véhicules électriques sont supportés par la batterie.

6. Le 110 km/h offre des co-bénéfices aux autres externalités du transport

D’autres externalités (ou impacts), comme la réduction de la vitesse, peuvent également en bénéficier.

Il réduit à la fois la pollution atmosphérique et la pollution sonore. Cette dernière est principalement due au bruit aérodynamique à ces vitesses. La réduction de la congestion est également importante, car plus vite une zone de congestion est atteinte, elle sera renforcée.

L’accidentologie est un autre avantage, même si les autoroutes ne sont pas les routes les plus accidentogènes. Cette réduction s’inscrit dans un mouvement international de réduction de la vitesse sur les routes, qui comprend la limitation de la vitesse à 30 km/h à l’intérieur des agglomérations (qui pourrait encore être renforcée à l’heure actuelle pour rendre les modes actifs plus sûrs) et le récent passage à 80 km/h dans les zones hors agglomération. Il est également plus facile de respecter cette limite lorsqu’on quitte les autoroutes à 110 km/h plutôt qu’à 130 km/h.

Bien que certains des avantages des autoroutes puissent être partiellement compensés par des impacts un peu plus importants sur d’autres réseaux par le biais de déplacements d’itinéraires, ils ne les annuleraient pas tous.

7. Le 80 km/h est-il acceptable ?

Discutons maintenant des principales objections au 110 km/h, et de la manière dont il peut être accepté.

La limite de 80 km/h sur les routes en dehors des agglomérations (routes à double sens, sans séparateur central) est bien inférieure à celle de 110 km/h pour les autoroutes. Elle couvre beaucoup moins de trajets quotidiens ou, tout au plus, un plus petit pourcentage.

Cela peut vous intéresser :   Facebook subit une baisse de ses revenus pour la première fois de son histoire

Les autoroutes sont également utilisées plus souvent pour les voyages à longue distance, les vacances ou les loisirs. Ils sont plus uniques et moins structurés que le reste de notre vie quotidienne. Nous savons également que les déplacements à longue distance ont une plus grande importance chez les personnes aisées, de sorte que cette mesure ne s’appliquera qu’à ces ménages et évitera toute accusation d’injustice sociale.

Cela pourrait faciliter l’acceptation du 110 km/h et a probablement conduit la Conférence des citoyens sur le climat à retenir la proposition après d’intenses discussions, deux ans seulement après la mise en œuvre du 80 km/h.

8. Le contexte de crise le rend plus acceptable

Malgré tout ce qui précède, l’acceptation de la mesure a été assez limitée ces dernières années. Cela est probablement dû aux inquiétudes concernant ses avantages environnementaux. Le baromètre de l’ADEME indiquait que 42% des personnes la considéraient comme souhaitable à la fin de l’année 2021.

Toutefois, elle devient plus acceptable en raison de l’évolution du contexte de la guerre en Ukraine et de la nécessité de réduire rapidement la consommation. Il n’est pas étonnant que des limitations de vitesse à 90 km/h, 110 km/h et 130 km/h aient été fixées sur les routes françaises après le premier choc pétrolier.

110 km/h sur l’autoroute : On y pensait déjà en 1979 !

Comme aujourd’hui, il est urgent de mettre en œuvre toutes les mesures permettant de réduire notre consommation de pétrole, notamment celles qui ont des effets à court terme.

Ces mesures doivent être appliquées à tous et pas seulement aux moins fortunés. Il est probable qu’ils utilisent déjà la stratégie de réduction de la vitesse lorsque le prix du carburant augmente, ce qui est l’une des principales stratégies sans remise en cause sévère du comportement (comme en 2008).

9. Effets négatifs sur les pratiques de mobilité

Cette étude suggère que l’éco-conduite ou le ralentissement peuvent être utilisés comme stratégie d’adaptation face à la hausse des prix du pétrole. Elle implore des changements limités dans le comportement de mobilité pour ceux qui ne sont pas en mesure de s’éloigner plus fortement de la dépendance au pétrole (par exemple, le télétravail, l’utilisation des transports publics ou le passage à la voiture électrique).

L’effet le plus perceptible et le plus puissant est l’augmentation de la durée des déplacements. Toutefois, les déplacements dépassant 80 km sont très rares. Seuls 1,6 % des déplacements en voiture sont concernés par des trajets de plus de 80 km.

L’effet théorique d’une augmentation de 18% du temps de trajet sur une distance est de +8 à 9 minutes pour chaque 100 km. Cependant, les temps de trajet sont moins affectés si la section non autoroutière est élevée. Cela s’explique par le fait que le trafic est plus fluide à 118 km/h et que les longs trajets sont marqués par des ralentissements et des pauses. Ces effets sur les temps de parcours sont souvent plus faibles que prévu, comme le montrent les essais en conditions réelles.

10. Dans de nombreux pays, la vitesse est inférieure à 130 km/h

Si l’on évoque les limitations de vitesse dans d’autres pays, c’est généralement pour l’Allemagne et ses autoroutes à vitesse limitée. Toutefois, il ne s’agit que d’une petite partie du réseau. Les pays où la vitesse est supérieure à 130 km/h sont des exceptions (dans l’UE, seules la Bulgarie et la Pologne sont à 140 km/h).

De nombreux pays d’Europe centrale limitent la vitesse sur leurs autoroutes à 130 km/h. Cependant, 9 autres pays ont des vitesses inférieures. Il s’agit notamment du Portugal, de l’Espagne et de la Belgique. Le Royaume-Uni est limité à 113 km/h (70 MPH), tandis que le Royaume-Uni a une vitesse de 113 km/h (70 MPH). Nous pouvons également ajouter les Pays-Bas, qui ont récemment diminué leur vitesse de 130 à 100 km/h dans la journée en raison du changement climatique. Étonnamment, les vitesses sur les autoroutes aux États-Unis sont plus faibles, généralement entre 95 et 121 km/h (65 à 75 MPH), bien qu’il existe des différences substantielles entre les États.

Limites de vitesse sur les autoroutes dans l’UE (Alternatives économiques)

Ces disparités pourraient encourager les discussions sur l’abaissement de la limite de vitesse sur les autoroutes au niveau européen. Cela augmenterait la possibilité de réduire la consommation à un moment où toute l’Europe est confrontée au défi de s’éloigner de la Russie et de sa dépendance au pétrole.

Le dernier mot

La vitesse de 110 km/h sur les autoroutes ne fera pas tout dans la période actuelle. [Il est difficile d’évaluer l’impact du 110 km/h car il fait intervenir de nombreux facteurs indirects et directs et nécessite des adaptations difficiles à prévoir. Cet article ne donne pas de chiffres précis, mais seulement les effets indirects et directs pour éviter de faire des hypothèses. Les évaluations ont montré des gains de l’ordre de 1,5 à 2 MtCO2, soit environ 2% des émissions mondiales des voitures et des véhicules utilitaires légers d’ici 2019. Ce potentiel est toutefois sous-estimé car il ne tient pas compte de nombreux effets positifs indirects. Pour faire face au changement climatique et se débarrasser du pétrole russe (10-20% des importations françaises, 30% au niveau européen), de nombreuses autres mesures seront nécessaires. Pour cela, il faudra que toutes les parties prennent des mesures fortes et fassent ensuite des efforts pour réduire la consommation de pétrole.

C’est le meilleur moyen et le plus efficace de réduire sa consommation de pétrole à court terme. Elle présente également d’autres avantages à long terme. Il serait difficile de s’en passer pendant une telle période.

Pour ceux qui sont tentés de s’accrocher à cette “liberté”, de rouler à 130 km/h sur les autoroutes, à tout prix : Réfléchissez simplement à l’effort que cette évolution (parmi tant d’autres) demande, en comparaison des risques pour nos libertés si elle n’est pas à la hauteur des enjeux géopolitiques actuels et du changement climatique.

Compléments et notes

Cet article contient de nombreux éléments et réflexions qui font référence à la thèse Les transports face au défi de la transition énergétique. Explorations du passé et du futur, de la technologie et de la sobriété, de l’accélération et du ralentissement : en se concentrant notamment sur les leviers de la décarbonation, leurs avantages et inconvénients, et la vitesse de la mobilité .

Georges Olivieri
D'abord écrivain, je suis devenu par la suite rédacteur web pour me rapprocher des lecteurs et de leur quotidien. J’ai à cœur de vous apporter les meilleurs contenus, notamment sur les stars françaises que j’affectionne particulièrement et les nouvelles technologies.